5. Les hypothèses
Une fois le problème clairement énoncé, l’émission d’hypothèses sur la ou les réponses possibles peut commencer. Une hypothèse est une solution possible au problème posé et sera testée pour savoir si elle est juste ou fausse. Elle provient de l’intuition ou des connaissances préalables. Elle est donc une première réponse, mais reste une possibilité et non une certitude. Identifier les grandeurs en jeu, les relations entre ces grandeurs, repérer les connaissances déjà existantes, trouver comment tester les grandeurs supposées pertinentes,… les idées foisonnent. Une hypothèse est émise ou rédigée sous la forme d’une phrase affirmative, brève et précise, en insistant sur son caractère provisoire par le conditionnel (« il se pourrait que… ») ou par l’emploi de l’adverbe « peut-être » et met en relation deux ou plusieurs faits.
Deux cas de figure posent alors problème à l’enseignant : il y a trop d’hypothèses ou il n’y en a pas assez (ou pas du tout !).
S’il y a trop d’hypothèses, il faut veiller à ce qu’elles soient justifiées car tout n’est pas recevable : l’élève doit dire « Je pense que…PARCE QUE… » ou pouvoir justifier la conséquence de son hypothèse : « Si mon hypothèse est vraie, alors je devrais observer… ». Une hypothèse recevable a un pouvoir explicatif par rapport au problème posé et ne doit pas contredire les connaissances acquises. Il est souvent judicieux de les classer car plusieurs formulations recouvrent parfois un même contenu. Les limites des moyens de test (pratique, temps, matériel,…) peuvent être un critère de choix. Il est aussi possible de lancer les élèves sur différentes pistes d’expérience, avec une mise en commun finale qui permet la construction d’un nouveau savoir sur la base de plusieurs tests amenant chacun sa pierre à l’édifice. On rejoint ici la démarche scientifique telle qu’elle est réellement pratiquée par différentes équipes de chercheurs qui collaborent pour la communication des résultats.
Et quand l’émission d’hypothèses s’apparente à un désert et qu’un silence désespérant règne, l’enseignant se doit de relancer :
- Par le dialogue : « A votre avis… ? », « Vous en pensez quoi les autres… ? », « Comment faire pour… ? », « Pourquoi c’est comme ça ? »,…
- Par la contrainte de l’écrit : recueillir les hypothèses proposées par les élèves par écrit, dans le silence…et dans les dernières minutes du cours, pour permettre de préparer le matériel pour le cours suivant !
- Par un tour de magie : l’enseignant est le magicien qui a toujours plus d’une hypothèse dans son sac. Il est toujours facile de fournir des hypothèses issues de l’histoire de sciences ou d’autres classes. Les hypothèses introduites par l’enseignant doivent être parfois vraies, mais aussi parfois fausses, pour éviter que le choix se porte toujours sur celle de l’enseignant, qui ne peut pas mentir…
D’autres problèmes peuvent apparaître, issus des relations des élèves au sein de la classe, du poids du contrat didactique ou de l’attitude de l’enseignant. Il est important que toutes les hypothèses recevables et que les hypothèses de tous soient entendues, donc c’est à l’enseignant de se taire ou d’intervenir le moins possible. Il doit gérer l’émission d’hypothèses, la stimuler mais pas la juger. Pour que l’élève qui sait toujours tout, qui refait l’année ou qui a regardé à l’avance dans le manuel n’ait pas toujours raison, il est important que l’enseignant se montre systématiquement sceptique, ou impassible, ou approbateur. Les élèves ne pourront plus chercher à déceler la bonne hypothèse dans les attitudes de l’enseignant, mais il ne leur restera qu’à mettre en œuvre un test…
L’émission d’hypothèses est une des attentes fondamentales de 3e cycle proposées par le PER, détaillée selon le niveau des élèves, et elle permet d’évaluer l’implication de l’élève dans une démarche (voir § 12) :
Au cours, mais au plus tard à la fin du cycle, l'élève...
- face à une situation, énonce une hypothèse pertinente / des hypothèses pertinentes (Niv 2) (PER, 2010)