Vocalité et chansons

On entend souvent dire, à la fin de spectacles chantés par des enfants ou des ados (dans le désordre) :

  • Ils ne savent pas chanter sans crier,
  • On n’entend rien car l’accompagnement est trop fort,
  • Ils n’ont pas de culture vocale,
  • Il est impossible qu’ils chantent sans amplification.

Et on entend aussi dire, en conséquence, que le travail vocal serait indispensable … qu’il ne se fait pas ….. Bref, il y a beaucoup de récriminations de la part des personnes avisées.

En fait, il est simplement possible qu’on n’ait jamais appris aux enfants quoi faire et comment faire ….

Il est temps, donc, de nous pencher sur ce sujet aussi brûlant que ceux que nous avons déjà tenté de développer dans ces colonnes. Pour ce qui est de l’école, les plans d’étude successifs et les moyens d’enseignement proposent une rubrique « pose de la voix » ou « vocalises », « culture vocale » ou, encore, « travail vocal ».

Les objectifs sont les mêmes : développer les capacités d’expression vocale des élèves.

Situation dans les classes

Les sondages faits auprès de différents collègues semblent révéler que la pose de voix n’est pas la priorité, tant s’en faut. Il semble, en majorité, que l’on utilise LA CHANSON pour développer chez l’élève le sens du rythme, la pulsation, la structure du chant … De cas en cas, on utilise aussi la chanson pour l’audition mentale, mais sans plus.

La plupart du temps, l’apprentissage de la chanson reste au stade de …. l’apprentissage. On apprend cinq, dix, voire vingt chansons sans pour autant trop s’inquiéter de la voix, du moins dans la plupart des situations. Apportons-nous vraiment à nos élèves une véritable formation vocale ? Plusieurs raisons tendent donc à prouver que l’on néglige cet aspect des choses.

  • La volonté d’apprendre rapidement le plus de chansons possible pour ne pas lasser les élèves,
  • le manque de qualités vocales des enseignants,
  • la « ringardise » dans laquelle se trouve le pose de la voix,
  • la certitude qu’on peut aussi bien faire sans la pose de la voix,
  • l’exiguïté des salles de classe,
  • le manque de verticalité dans les enseignements,
  • le manque de temps face à l’amplitude du programme et les exigences de la pose de la voix

Nous allons nous focaliser sur ce qu’Yves Audard intitule LA VOCALITE

Nous sommes cependant conscients que nos propos sont empreints d’idéalisme et qu’il n’est pas toujours aisé de faire chanter les élèves, du moins, parfois, dans les grands au cycle d’orientation. Mais n’est-ce pas le rôle de l’enseignant de mettre de l’énergie pour tenter de permettre aux ados de s’exprimer par la voix ?

 Définition

Selon Audard, la vocalité c’est :

La construction progressive du son qui prend appui sur la connaissance et la maîtrise de soi, sur l’attention au modèle présenté et le souci de reproduire le mieux possible dans toutes les composantes :

Timbre et couleur des voyelles, dynamique, articulation, phrasé lié au souffle, recherche de l’équilibre sonore individuel et collectif.

Le chant au service de la voix, la voix au service du chant

La voix, ça se construit, c’est une évidence. L’école peut-elle participer de cette construction ou faut-il laisser cet enseignement aux élites ? Posez la question, en ce qui nous concerne, c’est y répondre.

On peut, en utilisant simplement la chanson, participer de la découverte de la voix. Il y a tout :

  • les consonnes et les voyelles,
  • le phrasé,
  • le rythme,
  • la hauteur.

Que demander de mieux ? On peut parcourir tous les aspects de la musique à travers la pose de voix : d’une pierre deux coups (ou plusieurs coups …).

VOCALITE 2

Entrons dans une salle de classe et tentons de proposer des principes et des idées pratiques en souhaitant, bien évidemment,

  • que l’enseignant ait une sensibilité vocale,
  • que les exercices soient faits régulièrement,
  • que la collaboration avec les collègues soit réalisée,
  • que les objectifs soient à la mesure de la composition de la classe (voix muées ….)

 Avoir une position du corps correcte (le maître et les élèves), si possible debout et en groupe.

Il vaut la peine de prendre quelques instants pour se mettre dans une posture adéquate. Cela permet de contrôler la colonne d’air, de maîtriser le souffle et de positionner la tête de manière adéquate.

Bien écouter les élèves et les remettre, le cas échéant, sur le chemin de la vocalité (contrôle).

Cela semble une évidence mais l’expérience nous a montré qu’on avait tendance à vouloir aller trop vite et passer comme chat sur braise sur les exercices des élèves.

Il convient de ne pas se contenter de répéter pour répéter mais, avant chaque exercice, de préciser ce qu’on leur demande et, après chaque exercice, d’apporter un brin d’évaluation ou, aussi, de faire évaluer par les élèves leurs propres productions.

Alterner habilement les productions collectives, semi-collectives, et individuelles

On ne peut obtenir une bonne production des élèves si l’on ne peut jamais les entendre de manière individuelle.

Nous sommes choqués quand on nous dit que la seule fois où les enfants chantent seuls, c’est pour une évaluation notée.

Il faut faire preuve de patience car il n’est pas question de mettre l’élève en difficulté.

Le but est d’intéresser l’élève. S’il n’est plus noyé dans la masse, il pourra se responsabiliser. Si l’exercice individuel est trop périlleux, on peut déjà bien entendre l’élève s’il chante en même temps qu’un camarade. Pour ce qui est des garçons, on peut leur proposer des exercices à leur portée sans visée idéaliste utopique (texte rythmé par exemple). Les conseils et les remédiations sont donc essentiels.

Varier le plus possible les exercices est la clé du succès de la didactique du chant et de l’expression.

Partir d’une chanson pour développer la vocalité des élèves comme indiqué dans notre dernier article

C’est ce que proposent plusieurs moyens d’enseignement, notamment les MOYENS ROMANDS D’ENSEIGNEMENT DE LA MUSIQUE. Cependant, partir des vocalises pour l’apprentissage d’une chanson est possible mais ce n’est pas la voie que nous choisissons.

Nous préconisons, donc, systématiquement, de développer la vocalité de l’élève avec des chansons bien connues des élèves et de l’enseignant ou des chansons en apprentissage éventuellement et au besoin.

Favoriser le chant a cappella, si possible

Loin de nous l’idée de bannir les moyens instrumentaux destinés à aider dans les apprentissages, voire dans les productions. Mais, quand la chanson est bien sue, proposer aux élèves, par exemple, de chanter sans accompagnement en ayant comme objectif de bien écouter les autres et de ne pas baisser. Il convient d’être conscient que le chemin de la justesse est long, voire irréalisable, d’autant plus si les garçons en période de mue peinent à trouver le bon ton. Restons donc modestes en visant le possible et non des modèles utopiques.

Proposer aux élèves des exercices d’audition en lien avec la voix

On propose volontiers aux élèves la découverte des instruments. Pourquoi ne pas mettre en valeur des chœurs (enfants, adultes …) ou l’étude des diverses voix qu’elles soient « classiques » ou issues de la variété et du jazz ? Les documents ne manquent pas.

Quelques références

En outre, il serait important que l’enseignant ait quelques notions concernant l’appareil phonatoire et le fonctionnement de la voix. Dans l’ouvrage CHERCHER SA VOIE POUR TROUVER SA VOIX le lecteur trouvera ce dont il a besoin. Des cours de formation continue seraient bienvenus pour les enseignants en recerche.

 

VOCALITE ET CHANSONS

Nous sommes persuadés de la nécessité de développer la voix. Cependant, comme nous l’avons déjà souvent écrit, la stratégie à adopter reste délicate. Nous avons en effet affaire à tous les élèves et non seulement à des volontaires.

Nous allons tenter de proposer des pistes adaptables à toutes les classes ce qui nous semble nécessaire pour la crédibilité de toute démarche pédagogique. Nous précisions aussi que nous n’avons pas de prétention autre que celle d’être proche de la réalité scolaire.

Rappelons les propos d’Audard qui dit que la vocalité c’est :

La construction progressive du son qui prend appui sur la connaissance et la maîtrise de soi, sur l’attention au modèle présenté et le souci de reproduire le mieux possible dans toutes les composantes :

Timbre et couleur des voyelles, dynamique, articulation, phrasé lié au souffle, recherche de l’équilibre sonore individuel et collectif.

Développer sa voix : une mission de l’école (pas seulement pour chanter)

Qu’on nous permette de rappeler que le développement de la voix n’est pas l’apanage de la musique. Chaque enseignant, de quelle que branche scolaire que ce fût, devrait être attentif à sa propre émission vocale et, partant, à celle de ses élèves. Nous avons parfois été frappés par le manque de clarté des propos émis par les enseignants. Peut-être cela manque-t-il dans leur formation ? Difficile ensuite, bien sûr de demander aux élèves de bien prononcer leurs propos, d’articuler, de nuancer. Cela, pourtant, est facile à réaliser…. même par les garçons. N’oublions pas aussi que la voix est essentielle dans certaines professions.

D’autre part, nous osons rappeler que la pose de voix peut se faire de manière ludique. Le jeu n’exclue pas nécessairement l’effort.

Choix des chants

Il y a un foisonnement de chansons et c’est fort bien. Qu’on ne dépense cependant pas trop d’énergie dans le choix mais qu’on réfléchisse aux diverses possibilités offertes par chaque chanson pour développer ses possibilités vocales entre autre.

Progression

Choisir, pour sa classe, des chansons en vue de développer progressivement la voix serait une idée séduisante.

Choisir, pour l’ensemble d’un bâtiment scolaire, des chansons allant dans ce sens, serait encore plus séduisant.

 Intervocalité

Ce néologisme, en conséquence, permet de mettre en évidence que la pose de la voix n’est pas une fin en soi, tant s’en faut. Elle est mise au service de l’interprétation des chansons mais aussi au service d’autres formes d’expression.

Cependant, contentons-nous, si vous le voulez bien et en toute simplicité, de proposer des exercices en lien avec la chanson. La verticalité est réalisée par le fait que les chansons sont adaptées à l’âge des élèves

Quelques propositions faciles et réalistes

Activités

Objectifs

Déclamer le texte (poésie)

Diction, expression

Chanter en se balançant, en balançant la tête

Décontraction du corps, relaxation

« Chanter » sur une seule note (recto tono)

Précision des consonnes

« Chanter » la première phrase musicale sur la tonique de la tonalité, la seconde phrase sur le deuxième degré, etc

Précision des syllabes, justesse d’intonation

Chanter avec un minimum de respirations

Fluidité de l’interprétation

Chanter en ne prononçant que les voyelles

Couleur des voyelles

Chanter comme à l’opéra

Développement des sensations

Chanter sur une voyelle puis une autre (audition mentale)

Couleur vocale

Chanter bouche fermée en utilisant les résonateurs

Les lèvres et le nez doivent chatouiller

Chanter sur certaines onomatopées (ha, ho, …)

Souplesse du diaphragme

Chanter en sautant sur place

Tonicité

Chanter un ton, deux tons plus haut

Justesse d’intonation, développement de la tessiture

Chanter en respectant les phrases musicales

musicalité

 Pour chaque exercice, veiller à un départ et à une fin précis.

 Nous sommes conscients que les propos des trois derniers articles sur le sujet de la vocalité sont un peu réducteurs. Ils se voulaient surtout

  • un moyen pour nous d’affirmer que le développement vocal est un élément essentiel du développement humain et que l’école a un rôle à jouer, au-delà de la musique même.
  • Un outil au service de chaque enseignant, indépendamment de ses compétences vocales.

 Bernard Oberholzer et Jean-Maurice Delasoie


Ce terme paraît drôlement contraignant…

Rappel : chanter une chanson sur une voyelle ou une syllabe.

La pose de la voix demande une persévérance et du temps

Organiste, compositeur et pédagogue français, auteur de nombreux ouvrages de pédagogie musicale scolaire dont la série « Objectif ».

Présents dans toutes les salles de classe, ils resteront, en grande partie, les ouvrages de référence en lien avec le nouveau Plan d’Etudes Romand (PER)

Anne-Françoise Andenmatten-Sierro, 2003, Editions Labatiaz CP 112, 1890 Saint-Maurice Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Plusieurs de nos articles ont déjà développé cette thématique. Nous n’y reviendrons donc pas.

En cas de doute, n’hésitez pas à consulter Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Bien sûr, on peu évaluer simultanément plusieurs critères pour une activité.

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