De l'audition

Nous allons tenter de développer le concept « audition », qualifié dans le PER de « perception auditive ». Nous nous permettons de rappeler que nos propos sont probablement connus de nos lecteurs mais qu’un petit rafraîchissement peut être utile.

Prélude réflexif général

Entendre, ouïr, écouter, auditionner sont des termes derrière lesquels se cachent des réalités souvent différentes voire contradictoires. Les nombreuses expériences et observations que nous avons vécues tendent à affirmer qu’on assiste généralement à une simplification conceptuelle.

On reste à un niveau technique et formel. On découverte des instruments, on analyse la structure d’une œuvre, un prend contact avec les musiques du monde, on développe la technique vocale.

Pourtant, on ne fait pas toujours le lien avec ce qui fait l’essence même de la musique, à savoir l’aspect affectif ou émotionnel.

Rien ne sert de découvrir un hautbois, un concerto de Vivaldi, un air de Mozart, une chanson de Lady Gaga, si l’on ne fait pas appel à ce que ressentent notre corps et notre âme.

Nous nous plaisons a rappeler ces propos de Jankélévitch :

« Ecouter l’œuvre ? Sans doute, mais que veut dire alors écouter une œuvre et non pas l’auditionner ou l’ouïr ou la comprendre ? »

Le contact avec la musique est un partage irremplaçable, avons-nous entendu, sans pouvoir nous souvenir de l’auteur de cette maxime.

De manière générale, l’écoute, indispensable à de nombreuses activités scolaires et à la construction de l’être humain, demande absolument à être mise dans les priorités.

A l’écoute de sa voix

La voix est la priorité de l’éducation musicale et devrait être développée dans toutes les activités d’expression orale. Avant de découvrir la voix des autres et les différents registres, nous conseillons aux enseignants de proposer aux élèves des exercices destinés à découvrir leur propre voix à travers les vibrations de leur corps.

  • Lire quelques phrases à haute voix en mettant les mains sur la nuque pour prendre conscience des vibrations.
  • Faire des sons « bouche fermée » à diverses hauteurs afin de localiser où la voix résonne.
  • Faire des sons sur diverses voyelles pour localiser la résonance.
  • Mettre les élèves par petits groupes, demander à l’un d’eux d’émettre un son bouche fermée et demander aux autres de faire le même son jusqu’à ce que les voix fusionnent et que chacun sente les vibrations.
  • Faire avec la classe un son unique très doux (ou à l’octave pour les voix muées). Demander alors aux élèves d’écouter leur propre voix et les autres voix.

Perspectives

Ces petits exercices peuvent sembler a priori difficiles. Cependant, en les réalisant régulièrement, on pourra tendre à prendre conscience que sa voix vibre dans le corps tout entier. Cela devrait favoriser l’expression parlée ou chantée vers les autres et l’écoute du monde qui nous entoure, qu’il soit musical ou non.

Perception du monde et impressions

On ne peut donc bien percevoir quelque chose que si l’on est en phase avec sa vie intérieure.

Nous pouvons donc proposer à nos fidèles lecteurs une approche du PLAN D’ETUDES ROMAND

Chapitre « Musique » en précisant d’emblée que nos propos sont loin d’être exhaustifs et ne remplacent en aucun cas les manuels pédagogiques qui ne manqueront pas d’être rédigés pour aider de manière plus précise les enseignants dans leur activité musicale. Nous cherchons simplement à titiller la réflexion de chacun quel que soit le degré scolaire dans lequel il agit. Exercice périlleux…..

L’objectif général se présente comme suit :

  • Cycle 1 : Mobiliser ses perceptions sensorielles
  • Cycle 2 : Développer et enrichir ses perceptions sensorielles
  • Cycle 3 : Analyser ses perceptions sensorielles.

Le terme sensoriel pourrait prêter à confusion. Rappelons que l’objectif précité concerne les arts en général. Pour ce qui est de la musique, on parlera plutôt de perception auditive, il va sans dire.

Attardons-nous sur la « perception du monde » et les « impressions » qui figurent en bonne place dans le PER. Nous touchons donc autant à l’esthétique qu’à l’émotionnel.

Rappelons encore que l’écoute s’apprend et qu’une pratique quotidienne est donc nécessaire, quel que soit le domaine choisi

Ecouter l'environnement sonore naturel et permanent

Tous les cycles de l’école peuvent pratiquer ce genre d’exercice qui semble déjà être mis en pratique çà et là.

  • 1. Faire le silence ; écouter le silence
    • Chacun se rendra compte que le silence est une notion relative et que les bruits sont nombreux.
    • On peut réaliser cet exercice :
      • en classe,
      • en promenade d’école,
      • dans la cour de récréation,
      • en tous lieux,
      • en tous temps pendant une, deux, trois …. 10 minutes ……
  • 2. Ecrire (ou dire) ce qui a été entendu
    • Etablir une liste exhaustive. Petit à petit, on orientera les élèves vers les paramètres du son en fonction, bien sûr de leurs capacités.
    • Etablir une liste chronologique.
    • Faire parler les élèves sur leurs ressentis (impressions). A ce sujet, nous rappelons « Voyage à travers les émotions », document de chansons dont les premières pages peuvent s’avérer utiles.

Aider l’écoute avec un geste corporel : une démarche à essayer

Précisons qu’un morceau de musique doit être entendu plusieurs fois (voire plus), si l’on veut avoir une chance que l’élève s’en imprègne.

Nous avons participé, récemment à un colloque organisé par la HEP BEJUNE. Dans un atelier, conduit par le professeur Jean Duvillard sous le label « Conduites de perception, situation d’observation, geste et musique », il fut proposé de répondre à la question : Le corps ne serait-il pas un merveilleux outil de lecture, un décodeur privilégié des mouvements inhérents à la musique ?

Après avoir choisi une pièce musicale très courte, il est proposé la démarche suivante à adapter selon les degrés scolaires :

  1. Première étape : chacun repère un élément du langage musical (un son, une nuance, un instrument, un rythme, une mélodie, une structure, …) et le traduit par un geste, un mouvement, une attitude ou un déplacement.
  2. Deuxième étape : l’enseignant recense quelques propositions des élèves (fragments de l’œuvre) qu’ils devront se les approprier systématiquement, petit à petit.
  3. Troisième étape : divers groupes sont formés pour tenter d’illustrer de manière globale cette brève pièce dans une perspective de reconstruction mentale.

Cette démarche va au-delà des propos du PER. Elle demande à l’enseignant, du moins au début, de se lancer dans l’inconnu. Une question reste ouverte : des pré-requis de mouvement sont-ils nécessaires pour entrer dans cette dynamique ?

Démarches réflexives

La dernière fois, nous vous propositions deux pistes destinées à donner à l’écoute musicale une dimension corporelle et universelle.

Nos propos suivent les pistes proposées par le PER :

  • Ecoutons des œuvres musicales
  • Reconnaissons des instruments de musique

Tout en focalisant l’attention sur les impressions ressenties.

Nous ne pouvons manquer de vous faire part d’une réflexion globale concernant la musique :

  • Il y a celle pour l’école : c’est sérieux et c’est choisi par l’enseignant
  • II y a celle qui est en dehors de l’école : c’est fun et on peut choisir.

La résolution de cette équation est la clé du succès, nous semble-t-il.

Questions en suspens

  • Peut-on dissocier l’écoute des instruments de musique de l’écoute d’une oeuvre ?
  • L’écoute des instruments de musique est-elle une fin en soi ?
  • Les œuvres musicales dites « à programme » ne sont-elles pas un frein au développement imaginatif et émotionnel des élèves ?

Œuvres musicales

Nous sous proposons de vous référer aux documents A VOUS LA MUSIQUE et de vous inspirer des démarches indiquées. Nous reviendrons peut-être sur ce sujet dans un avenir proche pour vous inviter à découvrir d’autres œuvres musicales.

Les œuvres proposées ont toutes un objectif précis :

  • - Phrases musicales
  • - Nuances
  • - Formes et styles musicaux
  • - Musiques descriptives
  • - Découverte d’instruments
  • - Paramètres du son
  • - ……

Conseils généraux

Les élèves pourraient :

  • - parler de leurs activités musicales extra-scolaires
  • - apporter, éventuellement l’instrument dont ils jouent
  • - parler des activités musicales de leurs proches

Les enseignants pourraient :

  • - faire découvrir les diverses sociétés musicales de l’endroit
  • - parler de leurs propres intérêts musicaux
  • - faire des liens avec d’autres branches scolaires, notamment l’histoire et la géographie
  • - faire, pour chaque élève, un CD contenant les œuvres qui seront écoutées.

Didactique

Le choix d’une musique effectué, nous pouvons proposer au lecteur, suivant les degrés scolaires :

Décider de l’approche de l’extrait :

  • - écoute sans préparation,
  • - écoute avec des consignes,
  • - réponses à un questionnaire,
  • - focalisation sur un fragment (rythme, mélodie, instrument …),
  • - nombre de séquences sur le même extrait…

Choisir des supports visuels:

  • - partition (conducteur, mélodies, rythmes …),
  • - reproduction de tableaux, de monuments …,
  • - reproductions d’instruments (ou instruments eux-mêmes).

Prévoir des traces écrites :

  • - déroulement de l’extrait,
  • - vocabulaire spécifique,
  • - exemples musicaux (sous forme de partition)
  • - titre de l’extrait, auteur ….,
  • - dessin ou partition symbolique.

Penser à l’interdisciplinarité :

  • - se coordonner avec les collègues d’autres branches,
  • - s’intégrer à un projet interdisciplinaire.

Prévoir une petite tâche à domicile selon ce qui a été noté dans le cahier de l’élève (voir ci-dessus).

Prévoir l’évaluation :

Si chaque élève est en possession d’un CD et a pu noter des éléments dans son cahier, on peut aisément prévoir une évaluation basée sur l’audition et contenant :

  • - des aptitudes : mémoire musicale,
  • - des savoir-faire : identifier des instruments, des mélodies ….),
  • - des connaissances : vocabulaire spécifique, notes sur l’œuvre, l’auteur …

Nous pensons en conséquence qu’une préparation minutieuse est la clé pour un succès pédagogique.

Rappelons qu’une écoute d’œuvre avec une préparation hasardeuse ne peut que conforter les élèves dans une perception négative de la musique à l’école.

Comme l’indique le sous-titre, nos propos se veulent un moyen d’entrer dans une dynamique réflexive. Des pistes précises sont à développer, à l’évidence (fiches didactiques).

Jean-Maurice Delasoie et Bernard Oberholzer


Jankélévitch Vladimir, La musique et l’Ineffable, 1961, Editions du Seuil

Ces propos sont inspirés de l’article « Chanter » de Françoise Lombard, revue québécoise du chant choral, vol. 32, no.2.

Et pas seulement les résonateurs du visage.

Grâce à une amélioration de la confiance en soi.

C’est ce que nous avons tenté d’expliquer dans notre article Résonances du mois d’octobre 2011 « De l’audition » (1)

http://www.plandetudes.ch/

Rappel : hauteur, durée, timbre, intensité

Disponible au dépôt des ouvrages scolaires

Pour les petits degrés, la première étape pourrait suffire.

Via un plan d’études, c’est sûr

Selon le Larousse : Terme général par lequel on a coutume de désigner toute musique d'essence narrative, évocatrice, descriptive ou illustrative, donc renvoyant à une donnée « extramusicale » ; cela par opposition à la musique « pure », qui ne ferait appel qu'à une perception « abstraite », sans référence à aucun élément extramusical.

http://animation.hepvs.ch/musique/ vous propose des documents « audition » et « écoutes dirigées »

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