Pacific 231

 Arthur Honegger (1892-1955)

 

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Arthur Honegger est né au Havre, de parents zurichois. Rapidement, il manifeste des dons musicaux qui seront mis en valeur par des études de violoniste, et, à Paris surtout, de compositeur.

 

Il fait partie du fameux Groupe des Six, avec Darius Milhaud, Francis Poulenc, Georges Auric, Germaine Taillefer et Louis Durey. Admirant le non-conformisme d'Erik Satie, Jean Cocteau a réuni ces artistes dont le seul lien est d'appartenir à la même génération. Honegger peut être considéré comme un compositeur isolé. hors de toute école, et créateur d'une œuvre originale.

Il a vécu surtout en France et en Suisse, composant dans et pour ces deux pays.

 

Son œuvre

C'est en écrivant pour le Théâtre du Jorat, à Mézières, la musique du Roi David, de René Morax, qu'Arthur Honegger imposa son nom. Sa production touche à tous les domaines de la musique. Certaines de ses œuvres sont célèbres, d'autres peu jouées, ou déjà oubliées. Honegger a souvent composé de la musique de circonstance (commémorations historiques, patriotiques). On connaît de lui de la musique de scène, des ballets, des opérettes, de la musique pour la radio et le cinéma (25 films:).

Ses œuvres les plus réputées sont : Pacifie 231, la Pastorale d'Eté, ses symphonies (liturgique, Delicias Basiliensis, Di tre re, eta),: une Cantate de Noël et Jeanne au Bûcher, dont le texte est de Paul Claudel.

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Pacific 231

Mouvement symphonique No 1, écrit en 1923 et dédié à Ernest Ansermet.

 

Forme musicale : c'est une œuvre courte, ramassée, pour orchestre symphonique, et de forme assez libre. Honegger a écrit d'autres "mouvements symphoniques", en particulier Rugby.

 

Idée : Par ses sources d'inspiration, Honegger nous prouve qu'il est un compositeur du XXe siècle. Les sports violents, la guerre, les machines se reflètent souvent dans sa musique. "J'ai toujours aimé passionnément les locomotives, dit-il lui-même. Pour moi, ce sont des êtres vivants... Ce que j'ai cherché dans "Pacific", ce n'est pas l'imitation des bruits de la locomotive, mais la traduction d'une impression visuelle et d'une jouissance physique par une construction musicale. Elle part de la contemplation objective : la tranquille respiration de la machine au repos, l'effort du démarrage, puis l'accroissement progressif de la vitesse, pour aboutir à l'état lyrique, au pathétique du train de 300 tonnes, lancé en pleine nuit à 120 à l'heure. Comme "sujet", j'ai choisi la locomotive type "Pacific", symbole 231, pour trains lourds de grande vitesse." ("Pacific" est une locomotive express, à vapeur "231" signifie : de chaque côté 2 roues porteuses avant, 3 roues motrices, .1 roue porteuse arrière.)

 

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 Plus tard, Honegger a regretté pourtant qu'on ne vît que l'image d'une locomotive dans cette œuvre. "Tant et tant de critiques ont si minutieusement décrit la ruée de ma locomotive à travers les grands espaces qu'il serait inhumain de les détromper... En vérité, j'ai poursuivi' dans "Pacific" une idée très abstraite et tout idéale, en donnant le sentiment d'une accélération mathématique du rythme, tandis que le mouvement lui-même se ralentit. Musicalement, j'ai composé une sorte de grand choral varié."

 

Conseils : Il n'est pas indispensable d'évoquer une locomotive, toutefois celle-ci donne de l'abstraite sensation de dynamisme une image précise et plaisante,

D'autre part, étant donné la brièveté de l'œuvre, il est nécessaire d'insister tout autant sur l'impression d'ensemble que sur l'analyse des détails.

Composition de l'orchestre : 1 petite flûte, 2 grandes flûtes, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 clarinette basse, 2 bassons, 1 contrebasson, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba; batterie (caisse roulante, tambour militaire, cymbale et grosse caisse, tam-tam); cordes (violons, altos, violoncelles, contrebasses).

Durée de l'œuvre : 6 minutes.

 

A n a l y s e (cette analyse se trouve avec les partitions des thèmes musicaux dans le ficher Word)

Sur un fond sourd de trémolos continus des violoncelles et des contrebasses, les violons et altos répondent par des trémolos plus brefs sur la même note répétée quatre fois.

(La machine est à l'arrêt, toute sa puissance contenue, jets de vapeur).

Sur un rapide crescendo de l'orchestre, le tuba, par une montée chromatique, amène une séquence rythmée par les basses. Habile resserrement du rythme. Les cors ébauchent le premier thème :

 

Cor

(La machine se met lentement en branle).

Cors, trombones et tuba d'une part, violoncelles et contrebasses d'autre part, martèlent cette ébauche du thème I, alternativement en groupe de deux accords.

(Efforts puissants de la machine).

Les accords sont ensuite scandés en même temps par les bois et les cordes, puis par toutes les cordes qui alternent avec de rapides croches des bois. (La machine accélère).

 

Apparaît ensuite le thème I aux cors.

Après une montée chromatique des cordes, le thème est repris avec plus de vivacité par les trompettes.

(La machine prend de la vitesse).

Les cors annoncent, sur une même note, un thème sinueux, au basson, soutenu par le martèlement de la caisse roulante.Après un tutti en crescendo, les bassons, les cors et les trompettes, puis la plupart des instruments, reprennent le thème II en fugato (ca­non). La caisse roulante en marque le rythme.

 

Thème II aux bassons

 

Les flûtes et hautbois jouent une fois le thème III.

(La machine est lancée).

Des trilles de la flûte annoncent des mesures plus paisibles, rythmiquement moins heurtées. Une mélodie sinueuse, en lignes ascendantes et descendantes, s'y inscrit.

 

Cor anglais et clarinettes thème IV

Elle est reprise par plusieurs instruments

(La machine roule sans effort, à sa vitesse maximum.).

 

Intervient le thème I aux trompettes. La ligne mélodique se brise. Le rythme devient plus heurté. Coups de caisse roulante. Réapparaît le thème IV, qui est répété en diminuendo. Après quelques mesures plus paisibles, des triolets et croches aux bassons, des pizzicati aux cordes, restituent un rythme haletant.

(Nouvel effort de la machine).

 

Surgit à nouveau le thème II, aux cors et aux bois, vite anéanti par le crescendo de tout l'orchestre qui n'a plus qu'une fonction rythmique. Le tuba annonce une reprise par les cors du thème III en choral (valeurs lentes). Aux cors succéderont les trompettes, tandis que l'orchestre joue les autres thèmes. Les cordes rythment en martelant cette insistante débauche mélodique. Le thème III éclate aux trompettes et finalement domine le tutti fortissimo de l'orchestre.

 

Thème III en choral.

Ce choral est le point culminant de l'œuvre, une brillante réussite. (Ivresse de la vitesse).

 

Par le même processus rythmique du début, le mouvement ralentit assez brusquement. Les notes ébauchant le thème I sonnent en accords de plus. en plus espacés. Trois accords ascendants de tout l'orchestre marquent la fin de l'œuvre.

(Coup de frein assez brutal, ralenti, arrêt de la machine).

 

PACIFIC 231 est une œuvre forte, dense, aux sonorités agressives. Le rythme joue un rôle aussi important que la mélodie. L'unité de ce mouvement symphonique est remarquable. Œuvre audacieuse, elle puise dans des sources sonores nouvelles un souffle puissant et original.

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