Repérer et isoler une surface
La tache
La tache est le résultat du premier contact du matériau avec un support. En arts visuels, elle est le résultat du contact de la peinture ou de la matière avec le fond (papier, carton toile...). Elle peut être volontaire, réfléchie, contrôlée ou non. Ce premier jet n'est souvent qu'une étape dans la réalisation aboutie.
« Elle se distingue de la surface (définie) par sa forme, sa grandeur et sa lisière plus ou moins aléatoires. Une tache se fait : on fait une surface. Le passage de la tache à la surface est évidemment insaisissable. L'enfant a fondamentalement deux possibilités : il charge son pinceau de couleur et le pose sur le papier, produisant une trace sous forme de tache. Alors, soit il étale cette tache pour former la surface désirée, soit il la complète en lui juxtaposant à petits coups -parallèlement- d'autres taches jusqu'à ce que leur somme corresponde à la surface colorée voulue. » Tritten G. (1979), Education par la forme et la couleur. Vevey
La surface résulte d'une démarche réfléchie, d'un cheminement qui procède de la tache initiale de deux manières différentes.
La première consiste en modifications du contour, la 'lisière' est soit par agrandie, élargie, étirée, amplifiée dans toutes les directions, soit au contraire par réduire ou diminuée par rapport à la tache initiale. On procède alors toujours avec un traitement de même nature : la couleur, la matière,...restant donc similaires aux moyens utilisés pour réaliser la tache de départ.
La deuxième manière consiste à accoler de nouvelles taches : juxtapositions, superpositions, assemblages, .... Les méthodes ou les procédés se combinent et se complètent à l'envi.
Certains moyens plastiques obligent presque à aborder ce domaine. En effet, le découpage et collage incitent à réaliser une composition basée sur des jeux de surfaces, tout comme les estampes réalisées avec des clichés carton ou au pochoir. C'est également le cas pour le travail avec des ombres chinoises.
Par opposition les médiums comme la plume ou le crayon à mine dure incitent des traitements 'par la ligne' et non 'par la surface'. Le tracé est d'abord linéaire ; sa perception et sa qualité plastique (sensibilité, expression,...) sont dépendantes du trait. A contrario le coloriage, même s'il est pratiqué au crayon, vise un effet de surface, de remplissage. Ce n'est pas l'outil qui dicte le principe mais le procédé : le pinceau peut servir autant à 'dessiner' qu'à réaliser une tache.
Le travail monochrome peut être d'une approche plus simple puisqu'elle écarte les problèmes de couleurs. Par contre il oblige à plus de rigueur puisque les détails ne peuvent pas être mis en valeur par contrastes colorés ou de valeurs.